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Comment les grandes propriétés viticoles se construisent-elles ? Au travers de "La construction de la grande propriété viticole en France et en Europe XVIe-XXe siècles" publié aux éditions Féret, Marguerite Figeac-Monthus et Stéphanie Lachaud tente de répondre à cette question. Ce livre a pour objectif principal de s’interroger sur le rôle des élites dans la mise en place de la grande propriété viticole en France mais aussi en Europe du XVIe au XXe siècle.

Il cherche donc à établir des comparaisons dans le temps et dans l’espace avec comme problématique essentielle : qu’est-ce qu’une grande propriété viticole ? Comment s’est-elle constituée ? Dans un premier temps il examine les modes d’investissements et les mécanismes de regroupement des terres.

Il souligne, l’importance et la diversité du patrimoine viticole en fonction des régions et des différents États européens. Il s’interroge sur la place du statut juridique de la terre dans la constitution des domaines ainsi que sur les motivations des élites possédantes.

Dans un second temps, le livre se consacre au rôle des grands propriétaires viticoles dans l’émergence de la qualité, à leurs modes de gestion des domaines et à leur détermination à moderniser et à innover pour faire fructifier le patrimoine. Il pose la question de l’existence ou non de modèles de fonctionnement.grandes_proprits_viticoles

Dans un troisième temps, le livre constate l’importance pour les élites de la transmission du patrimoine foncier et productif. Puis, il souligne la place des crises dans la régénération ou la disparition des domaines viticoles en mettant en évidence l’apparition de nouvelles dynamiques susceptibles de transformer à nouveau les grandes.

Les auteurs

Marguerite Figeac-Monthus, professeur d’histoire moderne à l’université de Bordeaux et membre du Centre d’études des Mondes moderne et contemporain (CEMMC), après une thèse sur les Lur Saluces d’Yquem publiée par les Éditions Mollat (2000), elle est l’auteur de plusieurs articles et a organisé plusieurs colloques sur le vin.

Stéphanie Lachaud, maître de conférences à l’université de Bordeaux-Montaigne et membre du Centre d’études des Mondes moderne et contemporain (CEMMC), après une thèse sur le Sauternais moderne publiée par la Fédération historique du Sud-Ouest (2012), elle est l’auteur de plusieurs articles et a organisé plusieurs colloques sur le vin.

La Préface

Excellente et opportune initiative de mesdames Marguerite Figeac et Stéphanie Lachaud que ce colloque bordelais sur la construction de la grande propriété viticole en France et en Europe du XVIe siècle au XXe siècle. En effet, si les grands domaines viticoles ont historiquement joué un rôle essentiel dans l’émergence de la qualité, ils continuent d’être à la fois les acteurs clés de la valorisation des vins et de puissants vecteurs de leur notoriété. Pourtant, un tel statut hautement qualitatif ne va pas de soi en agriculture où, à peu d’exceptions près, la grande exploitation est souvent associée, dans l’esprit des consommateurs, à des productions standardisées de qualité moyenne et la petite, à des produits à plus haute valeur ajoutée, illustrant mieux le terroir.

À une époque où la globalisation des marchés et la concentration de la distribution peuvent simultanément faire flamber les prix des grands vins et des domaines fameux autant qu’écraser ceux des produits et des appellations moins réputées, il importe de s’interroger sur les ressorts passés et actuels de la qualité et de la valeur du vin. Le grand vin (ou le bon) vin, produit de culture autant que de nature, procède d’une combinaison complexe de facteurs naturels et humains, de savoir-faire technique, financier, commercial et… de temps, beaucoup de temps. Il faut des dizaines d’années d’intérêt continu, d’avantages exploités, de défis surmontés, d’efforts et de succès, pour que soit établie l’existence d’un véritable cru, matrice d’un vin au goût typique, distinct, apprécié d’un marché qui en reconnaît durablement la singularité et la valeur.

À toutes les époques, concevoir, élaborer, défendre et promouvoir la qualité du grand vin a nécessité des compétences variées et de la persévérance. Le vin n’est pas un fait mais une histoire ; et celle-ci intéresse non seulement amateurs, producteurs et marchands mais aussi, par son impact économique et culturel, la société toute entière. C’est pourquoi les historiens sont si utiles à la compréhension du vin et leurs participations aux recherches pluridisciplinaires de l’institut des Sciences de la vigne et du vin de l’université de Bordeaux que j’ai l’honneur de diriger, indispensables.

De plus, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, pour comprendre où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ; quelles furent, dans un autre environnement technique et socio-économique que le nôtre, les motivations et stratégies de nos prédécesseurs ? Quels enseignements tirer de leurs succès et de leurs échecs ? Ce colloque se propose de décrire les processus de création de la grande propriété dans différentes régions viticoles, les contextes et les acteurs, les buts et les moyens, les performances et les fragilités. Mais il ne m’appartient pas, chère lectrice, cher lecteur, de dévoiler davantage le contenu de la bouteille que vous allez déguster. À vous de le découvrir et je ne doute pas qu’il vous ravisse.

Denis Dubourdieu Œnologue - Directeur de l’Institut des sciences de la vigne et du vin de l’université de Bordeaux


En savoir plus www.feret.com