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A l’occasion du démarrage des vendanges à Bordeaux, voici une première interview avec Marjolaine MAURICE DE CONINCK qui est aux commandes du Château Marquis d’Alesme et dont le critique Michel Bettane a récemment écrit dans L’Express ....

..... « En rejoignant Nathalie Perrodo et ses frères aux commandes de Château Labégorce et du cru classé en 1855 Château Marquis d’Alesme, Marjolaine Maurice de Coninck est entrée dans une logique d’aboutissement assez remarquable. Forte d’une belle expérience à Saint-Emilion, l’ingénieur agronome et oenologue insuffle un esprit nouveau à Margaux. Elle parle de pieds, et non d’hectares, elle évoque aussi l’importance de chaque geste, une vision trés « rive droite ».

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Comment définissez-vous l’année 2014 ?
Marjolaine MAURICE DE CONINCK: « 2014 est une belle illustration de la mémoire de la vigne. 2011, 2012, 2013 ont été des millésimes de faible récolte, tandis que, portée par des conditions climatiques favorables, au moment de la floraison notamment, la plante s’est libérée offrant ainsi une promesse de récolte généreuse pour le nouveau millésime. »Marjolaine MAURICE DE CONINCK

Cela doit vous apporter un peu de répit ?
MC: « Oui et non. En début de saison, la prudence était de mise dans chacune de nos interventions ! Après ces trois années difficiles, il est évident que peu d’entre nous aient eu envie, au cours des travaux en vert, de limiter le potentiel de la vendange. »

Vous avez de grandes exigences pour Marquis d’Alesme. Comment arrive-t-on à ce niveau de détails dans un vignoble ?
MC: « J’ai en effet de grandes exigences pour Marquis d’Alesme, l’une d’entre elles, évidente, est d’atteindre l’équilibre naturel terroir/qualité/quantité produite. Pour ce faire, il faut un vignoble de qualité, encore faut-il pouvoir financer et orchestrer tous ces travaux minutieux en temps et en heure. »

Vous parlez de minutie, quelles sont vos « marottes » au vignoble ?
MC: « Sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, j’attache de l’importance au travail d’observation, qui permet de comprendre, d’ajuster et d’affiner nos actions. Il m’est d’ailleurs arrivé de confier aux femmes parfois plus patientes, certains travaux historiquement réservés aux hommes. Je suis d’autre part bien convaincue que le savoir-faire de notre équipe est primordial. J’ai fait le choix d’investir dans la formation continue pour nos vignerons (tout particulièrement concernant la taille).Cela afin de mieux faire comprendre nos objectifs, l’importance d’adapter le travail à chaque pied et, partager le sentiment de fierté du travail bien fait. Dans cette configuration, on peut dire adieu au travail au prix fait (ou à la tâche). La gloire revient au travail à l’heure, avec un seul mot d’ordre, la qualité. »

Vous nous avez confié que la gestion de la propriété exigeait une remise en cause permanente…
MC: « Chaque décision est une prise de risque. Par exemple, la fenêtre d’action en pleine saison pour chaque parcelle est assez courte. On a plus de 80 personnes dans les vignes à cette période, entre les saisonniers et l’équipe du château, un gros bateau à manœuvrer. Chaque jour est une étape où l’on doit se poser la question : « Et maintenant, que vais-je faire ? ». Cette année, à la mi-véraison, en voyant que l’été ne s’installait pas assez, et qu’il n’apportait pas tout ce qu’il fallait pour mûrir jusqu’au bout, nous avons décidé, en accord avec la famille propriétaire, de privilégier la qualité en allégeant la charge de chaque pied de vigne. Une fois que tout ce travail minutieux est réalisé, que toutes ces prises de risque sont engagées, qu’on considère avoir fait le maximum, sommes-nous certains d’avoir gagné ? Non, la dernière ligne droite reste encore et toujours entre les mains de Dame Nature. »