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MILLÉSIME 2013 ? Les clients du laboratoire de Libourne OenoTeam se félicitent cette année plus que jamais d’avoir confié leurs raisins atypiques à leurs oenologues. Selon Julien BELLE, "2013 est un millésime de bon sens et d’équilibre", pour thomas DUCLOS,  "2013, c'est le millésime sauvé des eaux", enfin comme le souligne Stéphane TOUTOUNDJI, "2013 est un millésime «inachevé», et pourtant…, malgré des maturités incomplètes, il est bien plus flatteur qu’on ne pouvait s’y attendre !

La météo associée au millésime 2013 est encore dans toutes le mémoires de vignerons : "des températures hivernales, des précipitations régulières et des orages de grêle d’extrême violence…Les éléments ont fait subir des dégâts considérables à la fleur puis aux raisins. Juillet beau a donné de la matière dans les peaux, août plus tempéré a donné des moûts plus modérés mais beaux. 2013, c'est un millésime très technique. Les premières dégustations sont en faveur d’un millésime où fruit et fraîcheur dominent.

Pour Julien BELLE : 2013 est un millésime de bon sens et d’équilibre
A l’aube des vendanges, nous avions annoncé que le millésime 2013 en rouge affichait un retard de deux à trois semaines sur les millésimes de référence. Entrés au chai encore frais, les raisins ont pu profiter plus facilement des bénéfices de périodes de macération préfermentaire. Il fallait cette année négocier judicieusement l’extraction pour obtenir des vins colorés et d’une belle matière. 2013 est un millésime de travail, d’exigence de tous les instants. Il faut faire preuve de bon sens, se poser les bonnes questions au bon moment, ne jamais baisser la garde. Il lui faut du temps, pour mûrir, pour se faire, pour se construire.

Les 3 oenologues - Debout Julien Belle, Thomas Duclos, assis Stéphane ToutoundjiPour Thomas DUCLOS : 2013, le millésime sauvé des eaux !
Franchement, si on m’avait dit avant les vendanges qu’on arriverait à ça, j’aurais signé ! C’est le millésime « sauvé des eaux ». 2013 est la vraie année des terroirs, c’est aussi un millésime de technicien, de réflexion et de réactivité. En effet, c’est un millésime fragile qui nécessite beaucoup de travail, les vins étant notamment super sensibles à l’oxygène. Quant aux rendements… : misérables, en moyenne une demi récolte. C’est le travail des vinifications qui fera la qualité.

Pour Stéphane TOUTOUNDJI : un millésime « inachevé », et pourtant…, malgré des maturités incomplètes, bien plus flatteur qu’on ne pouvait s’y attendre !
Les vendanges 2013 ont été vraiment stressantes à cause du temps et du botrytis. Ce millésime est oenologiquement compliqué : des cuvaisons plus longues notamment ont permis d’apporter du gras Pourtant ce millésime, inachevé en matière de maturité, se révèle bien plus flatteur qu’on ne l’avait pensé : les robes sont belles, le fruit d’autant plus présent là, les matières sont élégantes… Un millésime qui va réserver de belles surprises. Les Merlots sont sur le fruit, donnant des structures plus légères, tandis que le Cabernet franc a joué un rôle essentiel cette année, intéressant au niveau de l’équilibre, de la structure et de la complexité.

Julien BELLE nous présente ci-dessous un historique compléte dans les trois couleurs

Vins rouges 2013 : vins en construction, millésime d’équilibre

A l’aube des vendanges, nous avions annoncé que le millésime 2013 en rouge affichait un retard de deux à trois semaines sur les millésimes de référence. Évoluant lentement du fait des températures fraîches et du retard accumulé au printemps, les baies ont fini par atteindre un niveau de maturité satisfaisant qu’il a parfois fallu négocier avec l’évolution de l’état sanitaire. Les vendanges en rouge ont démarré aux alentours du 27 septembre. Et après quelques jours de vendanges souvent plus subies - en raison de l’état préoccupant des raisins - que choisies, les premières parcelles sont arrivées à leur équilibre optimal. Les chantiers de récolte ont progressivement démarré pour atteindre une forte activité dans la seconde semaine d’octobre. Entrés au chai encore frais, les raisins ont pu bénéficier plus des périodes de macération préfermentaire. Il fallait cette année négocier judicieusement l’extraction pour obtenir couleur et matière. En fin de fermentation alcoolique, les vins se révèlent très fruités mais souffrent d’une vivacité marquée du fait des fortes teneurs en acide malique dans certains cas. Le travail en macération postfermentaire permet l’harmonisation des vins, avec en particulier une belle réactivité à la micro oxygénation dans des cas spécifiques et maîtrisés.

Trois voire quatre semaines de macération post fermentaire permettent de gagner en densité et en volume, avec une prise de gras qui a tempéré la vivacité. Les vins ont également acquis de belles et puissantes longueurs aromatiques. Si les rouges 2013 n’apparaissent pas aujourd’hui comme des « monstres » de concentration, beaucoup de vins sont harmonieux, avec tous leurs éléments bien en place et un bon compromis entre finesse et texture. Il y a quelques cas insuffisamment concentrés, par un travail au vignoble inadapté, et d’autres fragilisés par l’impact de la dégradation sanitaire parfois foudroyante. A l’opposé, il existe dans ce millésime de très jolis vins, élégants et équilibrés. 2013 est un millésime de travail, d’exigence de tous les instants. Il faut faire preuve de bon sens, se poser les bonnes questions au bon moment, ne jamais baisser la garde. Il lui faut du temps, pour mûrir, pour se faire, pour se construire. Nous aurons dû plus que jamais nous montrer réactifs et nous adapter au jour le jour à la matière difficile à dompter. 2013 est le millésime technique.

Photo : Les 3 oenologues - Debout Julien Belle, Thomas Duclos, assis Stéphane Toutoundji

Vins blancs secs 2013 : rares, frais et aromatiques

Nous ne pouvons pas caractériser ce millésime sans parler du climat. Nous avons eu en général un démarrage assez tardif de la végétation fin mars suivi d’un arrosage copieux des vignes agrémenté de grêle. Le mildiou a été omniprésent tout au long du cycle végétatif. Le mois de juin a plutôt été frais et pluvieux suivi par des mois de juillet et août généreux en luminosité. Les viticulteurs ont du être sans cesse aux aguets, et aux petits soins pour leurs vignes. La maturation a donc été lente et hétérogène.

Ces conditions lentes de maturation ont été favorables à la formation des précurseurs d'arômes dans la pellicule des vins blancs. Au final, la diversité des blancs secs 2013 se caractérise par leur équilibre sucre/acide. La concentration en sucres était au rendez vous essentiellement par phénomène de concentration, par évaporation. L’acidité est assez marquée, donnant lieu à des vins blancs avec beaucoup de fraîcheur. Souvent cette acidité, et surtout la richesse finale en acide malique nécessite un travail des vins sur lies fines pour obtenir une bonne harmonie au niveau de l’équilibre global. Ainsi, la perception acide mieux intégrée laisse place à des vins frais sans agression des papilles, mais au contraire avec un joli volume et une expression aromatique qualitative.

Et du côté des blancs liquoreux ?

Courant octobre, la récolte des liquoreux a été entamée… Une véritable épreuve de patience, d’autant plus difficile à passer que les vignerons finissent par avoir du mal à croire que la météorologie puisse enfin être clémente… Des seaux d’eau tous les 3 à 4 jours jouant avec nos nerfs. Mais le soleil reste présent… Le Botrytis, la pourriture noble, a du mal à s’installer et se développer contrairement aux raisins destinés aux autres couleurs… Les raisins sont gorgés d’arômes, mais restent insuffisamment concentrés. Il faut savoir être patient pour ne pas faire le premier tri prématurément et ne pas enlever trop tôt les quelques foyers d’installation du champignon tant attendu… mais que cette attente est difficile ! Elle finira par porter ses fruits : après plusieurs épisodes pluvieux vers la mi-octobre, le vent et de nouvelles journées chaudes aident à la concentration des raisins. Le Botrytis se développe enfin, plus ou moins intensément selon les parcelles, mais régulièrement. Les tris se succèdent alors assez rapidement avec des volumes récoltés inégaux : parfois on récolte le tiers d’une parcelle en un seul passage, parfois à peine 10 %...

Les vendanges s’étalent et quelques vendangeurs arpentent encore les vignes à ce jour. Et à nouveau, chacun aura la liberté de choisir selon ses préférences : arômes frais, simples et expressifs, ou complexes, denses, riches et à révéler par un long élevage, familles d’arômes floraux, fruités ou confits selon les cépages et leur degré de botrytisation, bouche fraîche et sucrée ou volontairement très ronde, enrobée et riche… Les 1er tries donnent des vins de couleur jaune pâle obtenus à partir de raisins peu botrytisés, plutôt confits et dorés. L’expression aromatique de ces vins est assez puissante révélant des notes fruitées (agrumes, pêche, citron). La première impression en bouche est la fraîcheur. La présence inhabituelle de ce taux d’acidité peut parfois atténuer ou masquer certains niveaux de liqueur un peu justes. De ces équilibres différents on retiendra surtout la vivacité, le plaisir du fruit, la légèreté et la facilité à consommer susceptible de satisfaire le plus grand nombre d’amateurs moins avertis. Il y a fort à parier que grâce à leur support acide, ces vins resteront frais, aromatiques et plaisants suffisamment longtemps pour être appréciés sur leurs caractères propres. Les 2e et 3e tries sont plus proches de nos vins traditionnels avec plus de botrytis et plus de concentration, sans avoir des potentiels de richesse équivalents à nos meilleures années rencontrées jusqu’alors. Ces équilibres plus ou moins modestes sont très satisfaisants par la netteté des arômes au fruit intéressant.

Par leur petit soutien acide, ces arômes tapissent le palais d’effluves agréables et persistantes. Si certains lots manquent de volume et de gras ils ont une place à défendre dans le domaine du vin plaisir. L’élevage de ces vins n’est pas terminé. Réalisé en cuves il permettra d’obtenir des vins liquoreux fruités, frivoles et sur la simplicité qui pourront être consommés plus rapidement. En barriques, les vins déjà riches et complexes vont s’épanouir et devraient offrir un festival d’odeurs aux consommateurs plus patients.

En conclusion

Le millésime 2013 aura demandé patience et attention. Attention au vignoble durant toute la phase végétative rendue délicate par les conditions climatiques défavorables, attention au chai pour élaborer des vins harmonieux et qui savent raison garder. Il faudra encore être patient pour découvrir les vins blancs liquoreux et les vins rouges. Laissons au temps et aux vinificateurs le soin de finir leur ouvrage. Les « bonnes bouteilles » n’en seront que davantage charme et harmonie !