Le dernier rapport du GIEC est tombé cet été et dire qu'il est inquiétant serait presque de l'optimisme. Néanmoins, si la fin du monde vient, les amateurs de vins aimeraient que cela soit avec un bon vin de Bordeaux. Du côté de la Gironde, on cherche les pieds capables de résister à la montée des températures tout en préservant la singularité des différents vins de Bordeaux.
Partir du bon pied pour affronter le climat !
Cette année, la production de vin en France sera l'une des plus faibles jamais enregistrées au 21e siècle, mais pire, elle atteint les records de 1975 ! Une conjonction de facteurs dévastateurs est responsable de ces chiffres alarmants. La grêle a fait des ravages, mais les maladies comme le mildiou, l'oïdium et la coulure ont profité de l'humidité pour dévaster le vignoble de France. On peut penser que c'est la faute à pas de chance, mais aujourd'hui les climatosceptiques sont rares et d'autant plus chez ceux qui travaillent la terre et cohabitent au quotidien avec les éléments. Le monde du vin ne prend pas à la légère cette menace qui, au fil du temps, s'annonce comme une certitude.
En 50 ans, la date des vendanges a avancé d'un mois ! Vu de l'extérieur, on pourrait penser que c'est anodin, mais cette année, nous avons pu constater que le bourgeonnement précoce et le gel tardif a été désastreux. Le réchauffement climatique n'est pas un facteur unique, mais une conjonction de facteurs qui va déclencher une réaction en chaîne. La question est de savoir si, dans 20 ans, on pourra encore cultiver du vin dans le Sud-Ouest, mais aussi dans le Languedoc. La problématique est à la fois globale, mais aussi spécifique à chaque région viticole. Les viticulteurs ont décidé de ne pas rester les bras croisés en attendant que le couperet tombe. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Il faut dire que la France est le plus gros exportateur mondial en valeur avec 8,7 milliards d'euros en 2020.
Le programme Laccave pour repartir du bon pied
Depuis 10 ans, le programme Laccave travaille sur l'adaptation du vignoble au climat. L'innovation doit permettre à la filière du vin de s'adapter. La question est plus subtile qu'il n'y paraît. L'objectif du programme Laccave n'est pas seulement de trouver des solutions pour que les régions françaises viticoles puissent pérenniser leur activité, mais c'est aussi de conserver le goût du vin.
Les vins de Bordeaux testent de nouveaux cépages
Toujours en avant-garde, le vin de Bordeaux ne veut pas manquer ce virage. Une cinquantaine de cépages sont étudiés afin de connaître ceux qui sauront s'adapter à un climat différent tout en garantissant aux viticulteurs du Bordelais le même standard gustatif et qualitatif qui ont fait leur renommée mondiale. Sur ces cinquante pieds, six ont été sélectionnés par l'institut national de l'origine et de la qualité afin d'être expérimentés sur les AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
En parallèle, les chercheurs de l'INRA cherchent à créer des pieds plus résistants aux températures caniculaires et au manque d'eau. Cela peut aller vers des pieds moins gourmands en eau ou des racines allant plus en profondeur dans le sol.
Il faudra être patient pour avoir les résultats de ces différents tests, mais l'optimisme et la confiance dans la science sont des qualités qui ne manquent pas chez les viticulteurs girondins.